PHAEDREAM (SYLVAIN LUPARI) (CAN):
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»Le départ de Johannes Schmoelling a été une onde de choc pour les amateurs de Tangerine Dream.
Car, depuis qu’il avait joint le duo Franke-Froese, la musique de Tangerine Dream devenait plus limpide,
plus mélodieuse sous les couverts de la complexité. C’est exactement ce que nous retrouvons sur ce premier
opus de Johannes Schmoelling. Wuivend Riet est, de loin, l’uvre solo de Schmoelling qui se rapproche le plus
de ce qu’il faisait avec Tangerine Dream.
Matjora Is Still Alive débute avec une intro vaporeuse où des churs étranges font écho à une brume synthétique
qui se dissipe afin de laisser la place à une superbe ligne mélodieuse qui sort d’un synthé aux accords suaves et
éthérés.
Les 4 premières compositions sont de petit joyau musical. De petites pièces mélodieuses, quoique l’étonnant
Zeit soit plus progressive, qui passent avec harmonie et facilité. Mais, dès que l’on entend les premières lignes de
Wuivend Riet Part I, nous sommes en plein territoire de Tangerine Dream et des longues explorations musicales. Sur ce
titre étrange, signifiant ‘’Le vent souffle les Roseaux’’, Schmoelling exploite les sons de la nature avec une
assurance qui frise l’ingéniosité d’Hyperborea. Nous sommes plongés dans une jungle surréaliste où grenouilles,
singes, et natifs y dansent et chantent sur un rythme envoûtant où la flûte souffle comme un singe moqueur.
Tordu par une ondulation sévère, la basse se promène avec souplesse et enivre une atmosphère assez difficile à
décrire, mais délicieuse à subir. Après qu’Hans Bosch ait récité un poème avec une voix calfeutrée et à peine audible,
la partie 2 de Wuivend Riet s’élève avec la magnitude de sa complexité. Intense et dramatique, les synthés soufflent
un appel symphonique vers un monde en perdition. Un monde qui croule, qui semble immobile. Dans cette atmosphère dense,
les synthés illuminent avec des sonorités aux flûtes toujours attirantes et parfois intrigantes. Toujours, nous sommes
sous l’impression de drame à venir. Et, sous les étranges cris d’un animal que l’on pourrait identifier à un éléphant
cosmique, la légèreté du mouvement s’annonce avec limpidité. Wuivend Riet Part II s’éveille avec de belles percussions
sur un monde de lumière et de chaleur dévoilant une superbe mélodie, bousculée par les riffs sauvages d’une joie soutenue.
Une uvre intense. Une uvre que même Tangerie Dream n’a jamais égalé depuis le départ de Schmoelling.
En fait, Le Rêve Mandarin n’a jamais été le même depuis que Schmoelling l’a quitté. Wuivend Riet est un incontournable
pour tout amateur de musique électronique, surtout Tangerine Dream de la période Schmoelling. Mais il ne suffit pas
d’être un fan de Tangerine Dream pour apprécier cette musique. Non, seulement aimer la musique, suffit.
Car c’est une uvre prodigieuse qui allie complexité à la facilité des musiques que l’on fredonne en tout temps.
Une uvre à se procurer.«
(mardi 22 août 2006).